Quelle agriculture demain ?
Prédire ce que sera l’agriculture demain relève de la gageure car beaucoup d’incertitudes pèsent sur ses destinées :
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Comment se transformera le milieu naturel : changement climatique, érosion de la biodiversité, épuisement des sols ?
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Quels impacts aura la révolution biotechnologique sur les modes de production ?
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Comment va évoluer l’organisation des marchés internationaux et quels impacts auront leurs perturbations sur l’agriculture ?
Les contraintes qui pèsent sur elle sont bien identifiées car elles prolongent les évolutions héritées du passé :
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Le changement climatique impose de s’adapter localement, de changer les pratiques les plus émettrices de gaz à effet de serre tout en favorisant les espaces stockant le plus de carbone.
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Il sera nécessaire de nourrir 9 milliards de personnes à l’horizon 2050, il faudra donc augmenter la production et mieux la répartir pour faire reculer la malnutrition.
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Il lui faudra limiter le recours aux énergies fossiles destinées à son usage et produire les matières premières remplaçant le pétrole pour l’industrie (chimie verte – agrocarburants).
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L’agriculture doit enfin participer à la protection de l’environnement en stockant le carbone, en préservant la biodiversité indispensable tout en maintenant la fertilité des sols.
L’espace agricole est de plus en plus concurrencé par les usages résidentiels, économiques, environnementaux. Celui-ci risque donc de manquer sans l’invention de nouvelles technologies s’articulant, voire s’opposant, aux évolutions de longue date de l’agriculture et en particulier :
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l’industrialisation qui artificialise et sépare les tâches,
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l’intégration des filières allant de la production des semences à la commercialisation des produits,
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la diminution du nombre de paysans qui par souci d’efficacité économique conduit à l’exode de populations nombreuses.
Cet ensemble de transformations technologiques, biotechnologiques et organisationnelles constituent, plus qu’un changement, une véritable révolution agricole, la troisième de l’ère moderne, dont les conséquences seront au moins aussi forte pour les agriculteurs que les deux précédentes.
L’Europe a fait le choix de s’en tenir, en partie, à l’écart. Avec l’agriculture biologique (20% des surfaces cultivées à l’horizon 2050) et la multiplication des labels de qualité, elle fait un choix à contre courant de la troisième révolution agricole.
Mais, demain l’agriculture dépendra d’abord des réponses que la société apportera à quelques grandes questions :
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Faut-il augmenter les rendements et accepter les conséquences sociales et environnementales qui en découleront ou augmenter les surfaces cultivées au détriment des forêts tropicales ?
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L’agriculture doit-elle se spécialiser ou s’ouvrir à la multifonctionnalité ? Quelles fonctions favoriser, pour quels usages ?
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Avec l’accroissement estimé de la population, la diffusion du modèle alimentaire occidental et sa forte consommation de viandes, est quasiment impossible. Quels nouveaux modèles sommes nous collectivement en mesure d’inventer ?