Les espaces de l’exposition

L’authenticité d’un terroir

Au pied des Pyrénées, le vignoble de Jurançon s’étend sur plus de 1000 hectares et 25 communes situées entre les gaves de Pau et d’Oloron.

Ce petit vignoble produit trois appellations de vins blancs d’origine protégée (A.O.P.) « Jurançon sec », « Jurançon» moelleux, et « Jurançon vendanges tardives » et se décompose en trois terroirs bien définis par Jean Delfaud, géologue  palois: Chapelle de Rousse, Lasseube, Monein.

La nature des sols, les conditions climatiques sensiblement différentes et le savoir-faire des vignerons donnent une typicité particulière aux vins de ces différents terroirs.
 

 

Quelques éléments d’histoire

On estime que les origines de la vigne en Béarn remontent à l’époque romaine.

Les moines du Moyen Âge, vont la développer car le vin et le pain sont des aliments de base pour nourrir les pèlerins de Saint Jacques.

Avec les vicomtes de Béarn et Henry IV, le Jurançon gagnera ses lettres de noblesse.

Au XIXème siècle, vin moelleux et liquoreux, il est servi au dessert le dimanche ou associé à la limonade dans les fêtes de village.

1885: l’épidémie de Phylloxéra détruit une grande partie du vignoble.
1936: le Jurançon « moelleux » devient une des premières Appellations d’Origine Contrôlée (A.O.C.).
– C’est à partir de 1949, avec la création de la coopérative de Gan, l’arrivée de nouveaux consommateurs (les pétroliers de Lacq) et l’apparition d’une nouvelle génération de vignerons que l’appellation reprendra toute sa vigueur.
1975: L’Appellation d’Origine Contrôlée s’étend aux Jurançons secs.
1986: Création de l’association « Clos, Domaines et Châteaux en Jurançon » par de jeunes vignerons indépendants, qui deviendra « la Route des Vins du Jurançon » en 1995.
1996: Mise en place d’une mention « Vendanges Tardives ».

La filière économique

La filière économique est composé d’une majorité de petites exploitations familiales. Les vignerons de Jurançon sont organisés autour de trois entités:

– La cave coopérative de Gan créée en 1949 vinifie et commercialise la production de 300 viticulteurs, soit 600 hectares de vignes et 60% du vin commercialisé.
– La Confrérie du Jurançon, installée à Monein depuis les années 2000, travaille en partenariat avec 55 vignerons regroupant plus de 125 hectares et vinifie près de 4700Hl.
– Enfin, 65 vignerons indépendants, répartis sur 450 hectares élaborent leurs vins à la propriété. Regroupés au sein de l’Association « Route des vins du Jurançon », ils ont pour objectif l’amélioration de la qualité des vins.

Depuis une quinzaine d’années, la superficie du vignoble progresse et le prix du foncier viticole augmente constamment. Marché de niche, la production de plus de 6,5 millions de bouteilles est principalement écoulée en France, 10% part à l’exportation. Le chiffre d’affaire estimé est supérieur à 20 millions d’Euros.

Une histoire de cépage

Les vins du Jurançon sont issus de cépages d’origine locale : gros manseng (70%) et petit manseng (25%) pour les cépages principaux, courbu, lauzet et camaralet (5%), pour les cépages accessoires.

Les vignes sont plantées en « hautains », suffisamment hauts pour éviter la morsure du gel et assez bas pour bénéficier de la réverbération du sol.

Bien adaptés aux conditions du climat, les mansengs sont des cépages tardifs au cycle végétatif très long : les bourgeons éclosent fin mars (débourrement) et le raisin mûrit très tard (octobre, novembre).
C’est la raison de leur bonne adaptation au passerillage sur souche, technique naturelle qui favorise le flétrissement du raisin entrainant une concentration des sucres, de l’acidité et des arômes. Cette maturité tardive permet de développer dans les vins des notes très aromatiques (pêche, agrumes, mûre, cannelle, nèfle, mangue, fruits de la passion, ananas, coing, abricot et fleurs).

Les vendanges

Les vendanges sont l’aboutissement d’une année de labeur du vigneron et la qualité de la récolte fera la qualité du vin de l’année.

– En juillet, les vignes sont rognées !
– En août, les baies de raisin changent de couleur, c’est la véraison.
– En septembre, commence la surveillance de la maturité du raisin afin de décider du moment optimum pour commencer à vendanger.
– Fin septembre / début octobre les premières équipes de vendangeurs commencent la cueillette à la main des gros manseng qui serviront à l’élaboration du Jurançon sec.
– Fin octobre, il est temps de commencer la vendange des Jurançons. Elles vont se terminer, pour les tardives, en décembre.
En effet, avec l’été indien et le foehn vent du sud, chaud et sec, les raisins sèchent sur pied, parfois jusqu’au mois de janvier. Les vendanges s’effectuent par tris successifs afin de cueillir les grappes les plus grillées et dorées par le soleil. Les gelées ne sont pas craintes, elles sont même souhaitées. Elles éclatent la peau des raisins et font évoluer les arômes.

Du manseng au Jurançon

Transformer le jus de raisin en vin est une opération délicate qui associe technicité, savoir-faire et subtilité.

La vinification fait appel à un processus ancestral mais intègre aujourd’hui des techniques qui respectent le terroir tout en permettant de contrôler plus finement la qualité.

L’opération principale dans l’élaboration du vin, c’est la fermentation alcoolique, phénomène naturel au cours duquel les sucres du raisin se transforment en alcool sous l’action des levures.

Pour les « Jurançons secs », produits principalement à partir du Gros Manseng, la fermentation alcoolique est totale, tout le sucre est transformé en alcool.
Pour les « Jurançons », issus d’un mélange de Gros et Petit Manseng, la fermentation alcoolique est arrêtée avant son achèvement par sulfitage en apportant au vin une quantité d’anhydride sulfureux (SO2) qui tue les levures. Le caractère moelleux du « Jurançon » est du à la présence de sucres non transformés en alcool dans le vin.
Les « Jurançons secs » sont mis en bouteilles au printemps.
Les « Jurançons » sont élevés en fûts ou en cuves inox, ils sont mis en bouteille un an après récolte.

Couleurs, arômes et saveurs

Déguster un vin, c’est en apprécier toutes ses qualités.
– L’examen visuel permet d’en apprécier la « robe » : limpidité, couleur, reflets… et d’évaluer son état de maturation.
– Le nez analyse les odeurs : intensité, catégorie, qualité… Celles-ci donnent des indications concernant les cépages et des conditions climatiques.
– Enfin, en le goûtant ce sont les saveurs, la puissance en bouche qui vont s’exprimer.

Les «  Jurançons » moelleux, obtenus en majorité à partir de petit manseng sont à la fois concentrés, aromatiques (fruits exotiques), mais également d’une fraîcheur cristalline, grâce à une trame acide tout à fait caractéristique. Des vins qui présentent l’avantage d’être accessibles jeunes, mais qui peuvent également vieillir en développant des arômes de truffe.

La majorité des « Jurançons secs », sont des vins de soif . On trouve également des secs plus complexes et opulents en récoltant des raisins plus mûrs ( gros ou petit manseng) voire en surmaturité, en associant des cépages accessoires et en apportant les meilleurs soins pour développer un vin de caractère.